Sic ad hoc n°05 - NormanDoc'

Sic ad hoc n°05

Mars - avril - mai 2022 : Sélection de publications en SIC par et pour les professeurs documentalistes réalisée par le groupe de travail DidacSic de l’académie de Normandie.
Les résumés, les extraits sont issus de leur notice d’origine (sauf mention contraire).
© DidacSic 2022 – Contact : frederic.rabat@ac-normandie.fr

, par Frédéric Rabat - Format PDF Enregistrer au format PDF

À signaler
Des collègues de collège nous ont fait part de certaines difficultés pour se connecter. Dans l’Eure, il est actuellement impossible d’accéder à la ressource. Nous sommes en discussion avec le Réseau Canopé Normandie et nous vous tiendrons informés.
Dans la Manche, il est possible de bénéficier de la ressource mais il est nécessaire de réclamer l’accès auprès de son atelier Canopé de rattachement.

Rappel : procédure de connexion à Cairn.info sur le site Documentation Normandie
https://documentation.ac-normandie.fr/spip.php?article217

À signaler pour le numéro courant
La référence en début de sélection renvoie vers les actes du XXIe congrès de la SFSIC récemment publiés. Il nous a paru opportun de mettre en avant la conférence inaugurale de Gaëtan Tremblay que nous envisageons comme un point d’entrée vers l’ensemble des nombreuses et riches contributions.

Note de lecture sous forme de Focus en fin de sélection.

Mots clés (pour l’ensemble du bulletin)

#numérisation #communication #métacritique #système-monde #critique #capitalisme #écran #enfance #éthique #médias #télévision #fact-checking #archives #genre #discours #défiance #adolescence #information #bibliométrie #métadonnée #bibliothèque #réseauxsociaux #emprise #mème #journalisme #écriture #acommunication

Articles

Article

Congrès de la SFSIC, Conférence inaugurale : sur la piste des mutations communicationnelles à l’ère numérique. Une problématique des déplacements

Gaëtan Tremblay

Extrait
"Je ne m’adonnerai pas à l’analyse prospective, vers laquelle nous entraînerait inévitablement l’évocation de scénarios post-pandémiques. Je m’en tiendrai plutôt à mon intention initiale, qui était la suivante : proposer la perspective d’un nord-américain sur le thème de ce colloque — des sociétés et des espaces en mouvement— inspirée par les travaux d’un chercheur canadien, Harold Innis (1950 ; 1951), d’un chercheur étatsunien, James Carey (1989), et d’un chercheur britannique, John Urry (2005). J’exposerai d’abord les thèses d’Innis sur le rôle central des médias dans l’émergence, l’organisation et la durée des empires, et des sociétés en général. Je rappellerai ensuite comment, selon Carey, l’invention du télégraphe, qui a inauguré l’ère des médias électriques, a constitué un moment décisif, un point tournant (a watershed en anglais) dans les sociétés de la fin du XIXe siècle en produisant une inversion des rapports entre transports et communications et en favorisant la généralisation d’un modèle de communication centré sur la transmission. Finalement,
constatant après John Urry la multiplication généralisée des traces, j’avancerai que la numérisation inaugure un autre changement radical de nos rapports à l’espace médiatisés par la communication : avec le pistage systématique des traces numériques, le déplacement lui-même devient communication."

Référence électronique
Gaëtan Tremblay. Conférence inaugurale : sur la piste des mutations communicationnelles à l’ère numérique. Une problématique des déplacements in Actes du XXIIème Congrès de la SFSIC « Sociétés et espaces en mouvement ». URL : https://www.sfsic.org/publication/actes-du-xxiieme-congres-de-la-sfsic/

Article

Le capitalisme numérique comme système-monde. Éléments pour une métacritique

Sébastien Broca

Résumé
Cet article analyse l’actuel capitalisme numérique grâce aux notions de « système-monde » et d’« échange écologiquement inégal ». Il vise ainsi à en fournir une métacritique (L. Boltanski) articulant deux aspects : une description des relations économiques et matérielles entre espaces centraux et espaces périphériques ; une théorie de l’exploitation réalisée par les premiers au détriment des seconds. Cette approche replace le capitalisme numérique dans une histoire et une géographie globales du capitalisme. Elle se montre attentive aux interdépendances qui unissent la côte Ouest des États-Unis, et notamment la Silicon Valley, avec le reste du monde. Du point de vue empirique, elle engage à quantifier les flux de ressources biophysiques qui nourrissent l’innovation technologique et les réussites entrepreneuriales au sein des espaces centraux. Du point de vue normatif, elle ouvre la voie à une conception de l’exploitation alternative à celle proposée par les théoriciens du digital labour. L’article propose ainsi l’hypothèse selon laquelle, au sein du capitalisme numérique, la valeur économique qu’un territoire retire d’une activité tend à être inversement proportionnelle aux dommages environnementaux subis du fait de cette même activité.

Précisions DidacSic

Le résumé original pouvant être considéré comme relativement abscons, nous vous proposons ici une synthèse destinée à en faciliter la compréhension.

Le terme de méta-critique est un terme complexe sur lequel il est peut être nécessaire de revenir. Pour Sébastien Broca il est question ici de formuler une critique externe (située en dehors de son objet) reposant sur un point de vue global porté sur les problèmes à envisager. En l’occurrence ici il est question du développement de l’économie numérique.

Ainsi, la théorie économique appelée "système monde” associée à celle de “l’échange écologiquement inégal” représente un double point de vue méta-critique qui s’efforce de révéler les articulations entre le développement des espaces centraux (originaires) de l’économie numérique, comme par exemple la Silicon Valley ou d’autres lieux de décision et d’innovation numériques, avec les espaces physiques et géographiques qui ont permis et permettent encore aujourd’hui son développement. Dans le cas de l’économie numérique, il s’avère que ce développement à été, et est toujours, permis par l’exploitation de ressources biophysiques situées en dehors de ces espaces, dans des espaces éloignés, “périphériques”.

Par exemple, dans les années 70 des mouvements de contestation militante et syndicale protestaient, au cœur même de la Silicon Valley, contre la dangerosité des extractions chimiques nécessaires à la production de la matérialité numérique (terminaux, serveurs, etc.). Cette contestation a entraîné l’externalisation de cette production dévolue depuis à d’autres espaces sur la planète éloignés de l’espace central lié à la demande originelle (en Chine, par exemple, pour l’extraction de métaux rares).

La méta-critique explorant le numérique, compris alors comme un “système-monde”, révèle que le pendant du développement des espaces centraux de l’économie numérique est une augmentation des dommages environnementaux et humains au sein des espaces périphériques. Plus encore : plus la valeur économique est croissante au sein des espaces centraux, plus les dégradations augmentent dans les espaces périphériques.

Autre exemple, l’utilisation massive de "travailleurs du clic" (Casilli) représente une exploitation d’un travail humain à bas coût - au sein de pays qui le permettent. Cette exploitation, très couteuse socialement (d’un point de vue occidental), s’avère pourtant indispensable aujourd’hui au développement de l’innovation technologique et à l’économie des plateformes numériques.

Référence électronique
Broca Sébastien, « Le capitalisme numérique comme système-monde. Éléments pour une métacritique », Réseaux, 2022/1 (N° 231), p. 167-194. DOI : 10.3917/res.231.0167. URL : https://www.cairn.info/revue-reseaux-2022-1-page-167.htm

Article

Pour une approche communicationnelle de l’influence

Camille Alloing, Benoit Cordelier, Stéphanie Yates

Extrait
L’influence comme objet de recherche en sciences sociales, et en communication en particulier (Mucchielli 2009), mobilise de nombreuses définitions et approches, mettant en leur centre aussi bien les médias (Maigret 2015) que les interactions sociales (Katz et Lazarsfeld 1955). En première lecture, l’influence est un ensemble de « processus ordinaires par lesquels un individu ou un groupe parvient à faire accepter des manières de faire, de ressentir et de penser qui font normes et qui agissent sur les attitudes et les comportements d’autres individus et groupes » (Bernard 2015 : 47).

Référence électronique
Alloing Camille, Cordelier Benoit, Yates Stéphanie, « Pour une approche communicationnelle de l’influence », Communication & Organisation, 2021/2 (n° 60), p. 11-20. DOI : 10.4000/communicationorganisation.10385. URL : https://www.cairn.info/revue-communication-et-organisation-2021-2-page-11.htm

Article

Pour une réflexion sur l’éthique et la morale dans les discours sur l’usage des écrans par les enfants

Barbara Laborde
Dans Télévision 2021/1 (N° 12)"

Résumé
Cet article s’appuie sur l’ouvrage de Gilbert Simondon Le mode d’existence des objets techniques (Simodon 1958), pour montrer que l’accusation portée contre les écrans et leur consommation s’explique par certaines représentations ancrées dans l’histoire des techniques et des sociétés humaines. Des ouvrages à destination du grand public sont étudiés comme exemples de résistances exprimées face aux nouveautés technologiques visant particulièrement à sauver les enfants de pratiques jugées délétères. Une analyse sémiologique des discours et de leurs implicites permet de montrer que les débats récurrents autour de l’enfant face aux écrans révèlent finalement une visée plus moralisatrice que scientifique, non exempte d’un certain mépris de classe. Une fois ces paradigmes conscientisés, sans doute peut-on s’acheminer vers une véritable mise en débat de l’éthique de la télévision et des écrans.

Référence électronique
Laborde Barbara, « Pour une réflexion sur l’éthique et la morale dans les discours sur l’usage des écrans par les enfants », Télévision, 2021/1 (N° 12), p. 159-173. DOI : 10.3917/telev.012.0159. URL : https://www.cairn.info/revue-television-2021-1-page-159.htm

Article

Pour une éthique élargie des médias : l’hypothèse de la sincérité

Marie-France Chambat-Houillon

Résumé
En étudiant un exemple d’utilisation d’images de fiction dans un journal télévisé bolivien pour témoigner d’un accident d’avion en 2009, la contribution entend montrer comment la sincérité constitue un enjeu éthique fondamental pour les médias parce qu’elle engage leur responsabilité énonciative. Les conditions de leur croyance reposent sur la convocation d’un crédit de sincérité à l’initiative des publics. Dès lors, en tant que responsabilité communicationnelle partagée, la sincérité contribue à abonder une éthique des médias plus large que le simple respect du cadre déontologique régulant l’exercice des professionnels des médias.

Référence électronique
Chambat-Houillon Marie-France, « Pour une éthique élargie des médias : l’hypothèse de la sincérité », Télévision, 2021/1 (N° 12), p. 51-67. DOI : 10.3917/telev.012.0051. URL : https://www.cairn.info/revue-television-2021-1-page-51.htm

Article

L’industrie de la télévision. Chronique d’une fragmentation-recomposition

Franck Rebillard, Camille Noûs

Résumé
Prenant appui sur les articles composant le dossier Télévision : industries et programmes, ce texte de présentation revient plus généralement sur les principales évolutions socio-économiques traversant la filière depuis le début du XXIe siècle. Sont ainsi passées en revue la logique de groupe accompagnant la multiplication des chaînes avec la télévision numérique terrestre (TNT) ; les stratégies attenantes de programmation de type narrowcasting puisant dans les formats transnationaux de séries et de télé-réalité ; le renforcement de la tendance à l’externalisation de la production, variant toutefois selon les types de programmes ; la polyvalence des tâches incombant aux personnels journalistiques comme artistiques et devant composer avec une emprise de la technique s’étendant jusqu’aux publics. Le tout dessine un double mouvement de fragmentation et de recomposition pour la filière de la télévision, bousculée de façon plus globale par l’environnement numérique.

Référence électronique
Rebillard Franck, Camille Noûs , « L’industrie de la télévision. Chronique d’une fragmentation-recomposition », Réseaux, 2021/6 (N° 230), p. 9-35. DOI : 10.3917/res.230.0009. URL : https://www.cairn.info/revue-reseaux-2021-6-page-9.htm

Article

Fact-checking : une guerre par l’information qui ne dit pas son nom ?

Vincent Chagneau

Résumé
Dans cet article, nous partons de l’idée que les fake news sont devenues une arme de guerre d’une nouvelle génération dont le fact-ckecking constitue la contre-mesure habituelle. La portée et la complexité systémique du fact-checking sont explorées. Elles conduisent à considérer des stratégies alternatives à ce procédé qui n’est pas sans limites.

Référence électronique
Chagneau Vincent, « Fact-checking : une guerre par l’information qui ne dit pas son nom ? », Revue internationale d’intelligence économique, 2021/1 (Vol. 13), p. 143-153. URL : https://www.cairn.info/revue-internationale-d-intelligence-economique-2021-1-page-143.htm

Article

Archives, genre, sexualités, discours

Mona Gérardin-Laverge, Magali Guaresi et Julie Abbou

Extrait
La question des archives, et des voix qu’elles font entendre, constitue un enjeu fondamental pour les luttes et les théories féministes. En effet, l’exclusion des femmes de l’espace public et des délibérations politiques ainsi que leur assignation à la sphère domestique et familiale sont allées de pair avec l’invisibilisation de leurs rôles politique et historique.

Référence électronique
"Mona Gérardin-Laverge, Magali Guaresi et Julie Abbou, « Archives, genre, sexualités, discours », GLAD ! [En ligne], 11 | 2021, mis en ligne le 20 décembre 2021, consulté le 31 janvier 2022. URL : http://journals.openedition.org/glad/3638 ; DOI : https://doiorg/10.4000/glad.3638"

Article

La Défiance des adolescents vis-à-vis de l’information journalistique dans le contexte de la crise de l’information

Sophie Jehel

Description
Conférence inaugurale de Sophie Jehel, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris 8, chercheure au CEMTI, Centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation, chercheure associée au CARISM. Elle a co-dirigé l’ouvrage Éducation critique aux médias et à l’information en contexte numérique publié aux Presses de l’Enssib, en avril 2020.

Référence électronique
Jehel, Sophie. La défiance des adolescents vis-à-vis de l’information journalistique dans le contexte de la crise de l’information [en ligne]. enssib, 27 janvier 2021 [consulté le 08 mai 2022]. Disponible sur le Web :
https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/visionner/69901-la-defiance-des-adolescents-vis-a-vis-de-l-information-journalistique-dans-le-contexte-de-la-crise-de-l-information

Article

Traduire et analyser l’activité en bibliothèque : nouveaux outils et évolutions des pratiques d’évaluation

Entretien croisé avec Odile Jullien Cottart et Cécile Touitou

Présentation
Si les bibliothèques ont une longue tradition d’évaluation, cette activité a son actualité et ses pratiques évoluent. On peut citer aussi les travaux récents de la commission Afnor/CN 46-8 « Information et documentation – Qualité, statistiques et évaluation des résultats » présentés lors de la journée du 27 mai 2021. La démultiplication des gisements de données exploitables, les attentes des gouvernances comme des usagers, l’évolution des compétences des professionnels constituent autant de paramètres concourant à la vitalité du sujet de l’évaluation en bibliothèque. Odile Jullien Cottart et Cécile Touitou nous livrent leurs analyses des enjeux de l’évaluation en bibliothèque.

Référence électronique
Odile JULLIEN COTTART et Cécile TOUITOU, «  Traduire et analyser l’activité en bibliothèque : nouveaux outils et évolutions des pratiques d’évaluation : entretien croisé avec Odile Jullien Cottart et Cécile Touitou  », Bulletin des bibliothèques de France (BBF), 2021-2.
En ligne : https://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-2021-00-0000-055

Article

5e journée professionnelle « Métadonnées en bibliothèques » du 4 décembre 2020 Cataloguer par entités ou le big bang des données !

Résumé
Le catalogage par entités a été au cœur de cette journée du groupe Systèmes & Données, exceptionnellement organisée à distance. D’importantes réflexions ont été menées au niveau international pour améliorer sur le web la visibilité et l’utilisabilité des métadonnées produites en bibliothèques. Les publications du modèle IFLA LRM et du code RDA en constituent des jalons essentiels. Pour le programme Transition bibliographique, en France, cet objectif ne peut être atteint que par la mise en œuvre d’un catalogage par entités, et non par un simple réagencement de la présentation des données. La journée aborde donc la notion de catalogage par entités en trois temps, à travers une explication du concept, puis la présentation des outils nécessaires et enfin quelques chantiers ou réalisations en cours.

Référence électronique
Transition bibliographique. 5e journée professionnelle « Métadonnées en bibliothèques » du 4 décembre 2020. Cataloguer par entités ou le big bang des données ! URL : https://www.transition-bibliographique.fr/systemes-et-donnees/5e-journee-professionnelle-metadonnees-en-bibliotheques-du-4-decembre-2020/#:~:text=5e%20journ%C3%A9e%20professionnelle,bang%20des%20donn%C3%A9es%20!

Article

Voyage d’étude en Normandie - Octobre 2021

Programme des visites et comptes-rendus :
Bibliothèque universitaire Le Havre Normandie
Bibliothèque Oscar Niemeyer au Havre
Les 7 Lieux à Bayeux
Bibliothèque La Source à Saint-Lô
Bibliothèque universitaire Santé de l’Université Caen Normandie
Bibliothèque Alexis de Tocqueville à Caen

Référence électronique
Médiat Rhône-Alpes. Vous former aux métiers des bibliothèques. Voyage d’étude en Normandie - Octobre 2021. URL : https://mediat.univ-grenoble-alpes.fr/voyages-d-etude/voyages-d-etude-passes/voyage-d-etude-en-normandie-octobre-2021-975397.kjsp#:~:text=Voyages%20d%27%C3%A9tude%20pass%C3%A9s-,Voyage%20d%27%C3%A9tude%20en%20Normandie%20%2D%20Octobre%202021,-Partager

Article

Dominique Boullier, Comment sortir de l’emprise des réseaux sociaux, Paris, Le Passeur, 2020, 304 p.

Alain Busson

Résumé
La thèse principale de l’ouvrage porte sur la disparition de l’espace public, qu’il soit consacré au débat politique ou aux controverses académiques. Cette disparition est causée par la multiplication des messages de toutes sortes qui s’y succèdent à haute fréquence, ce que D. Boullier appelle le « réchauffement médiatique », messages qui finissent par encombrer à l’excès cet espace jusqu’à le rendre inefficient.
La cause première est à rechercher dans le modèle économique des plateformes fondé presque exclusivement sur les recettes publicitaires. Afin de s’assurer la meilleure efficacité publicitaire, les algorithmes des réseaux sociaux favorisent les mécanismes qui provoquent l’attention et l’engagement maximal des utilisateurs (alertes, bouton retweet…). L’analyse concerne principalement Twitter, les plateformes qui dépendent de Facebook (Facebook, Messenger, WhatsApp, Instagram) et YouTube.
Dominique Boullier considère quatre formes d’attention (la fidélisation, la projection, l’alerte et l’immersion), organisées selon deux axes (attachement vs détachement et certitudes vs incertitudes), et regarde à l’aune de cette boussole celles que le numérique a particulièrement amplifiées. Le premier axe (attachement/détachement) aide à distinguer entre les politiques d’attention qui veulent rompre avec nos habitudes (détachement) et celles au contraire qui les renforcent (attachement). Le second axe (certitude/incertitude) met en opposition le sens commun, tout ce qui peut être rassurant, avec tout ce qui est générateur d’incertitude, cette dernière étant devenue la norme dans le monde contemporain…

Référence électronique
Busson Alain, « Dominique Boullier, Comment sortir de l’emprise des réseaux sociaux, Paris, Le Passeur, 2020, 304 p. », Réseaux, 2022/1 (N° 231), p. 275-278. DOI : 10.3917/res.231.0275. URL : https://www.cairn.info/revue-reseaux-2022-1-page-275.htm

Ouvrages

Ouvrage

Agir pour l’égalité. Questions de genre en bibliothèque

Florence Salanouve (dir.)

Résumé
Ce livre collectif interroge la façon dont le genre permet d’éclairer de nombreuses facettes du métier de bibliothécaire et comment il peut l’inciter à agir en faveur de l’égalité. La thématique est abordée sous un angle triple : les professionnels, ce que le genre fait aux bibliothécaires, les collections, ce que le genre dit des collections, les actions, agir contre les stéréotypes de genre. Un ouvrage indispensable pour « chausser les lunettes du genre » afin de repenser aujourd’hui les bibliothèques et les pratiques professionnelles associées.

Référence électronique
Florence Salanouve (dir.). Agir pour l’égalité. Questions de genre en bibliothèque. Presses de l’Enssib, 2021
Collection « La Boîte à outils ». ISBN 978-2-37546-138-9. URL : https://presses.enssib.fr/catalogue/agir-pour-legalite-questions-de-genre-en-bibliotheque-50

Ouvrage

Est-ce que tu mèmes ? De la parodie à la pandémie numérique

François Jost

Résumé de l’éditeur
Les mèmes, ces images ou séquences d’images fixes ou animées, transformées et détournées, inondent le web et nos messageries. Personne n’y échappe. Ils circulent sur Internet, à la portée de tout un chacun, pour nous faire rire, pour critiquer ou donner à penser.
Parfois regardée avec mépris, cette nouvelle manifestation de la pop culture recèle un monde complexe, qu’il faut pénétrer pour en saisir toute la richesse. Car si les mèmes sont des formes humoristiques, ils disent beaucoup sur le monde, l’actualité et sur nous-mêmes. Pas seulement pour se moquer, mais aussi pour dénoncer, pour soutenir une cause ou, tout simplement, exprimer nos peurs, comme on l’a vu pendant la pandémie.
Populaire, proliférante et massive, la culture du mème méritait un décryptage. Avec son regard de sémiologue, François Jost en décortique la mécanique, nous en révèle les ressorts, les usages et leurs rôles social et politique.

Référence électronique
François Jost. Est-ce que tu mèmes ? De la parodie à la pandémie numérique. CNRS éditions. URL : https://www.cnrseditions.fr/catalogue/sciences-politiques-et-sociologie/est-ce-que-tu-memes/

Ouvrage

Jacquet, Antoine, 2020, Journalistes web et langue française. Entre devoir professionnel et contraintes de production, éditions de l’université de Bruxelles

Philippe Blanchet

Résumé
Cet ouvrage présente une recherche, et ses résultats, sur le rapport aux normes du français au sein de cinq rédactions en ligne de grands médias belges francophones généralistes et appréciés. Issu d’une thèse en sciences de l’information et de la communication, il présente l’originalité de croiser deux approches. L’une, sociolinguistique, est fondée sur le modèle de l’imaginaire linguistique de Anne-Marie Houdebine. L’autre, en sociologie des médias, vise à comprendre jusqu’à quel point les conditions d’organisation, d’exercice, de finalités et d’évaluation de cette activité professionnelle somme toute récente influent sur le rapport à la langue, dans les représentations et dans les pratiques rédactionnelles. Fondé sur 28 entretiens avec divers.es professionnel.le.s de ces rédactions, selon diverses méthodes, représentant 37h d’enregistrement, le travail réalisé est d’un grand intérêt par son ampleur et sa pertinence.
La problématique s’appuie sur le constat de deux grandes critiques associées dans les commentaires en ligne, adressées aux journalistes en général et à la presse internet en particulier, portant sur la « qualité de la langue » et, partant, sur la « qualité de l’information », voire sur leur professionnalisme même. Inversement, les journalistes ont tendance à expliquer leur attention insuffisante (déclarée secondaire) au respect de certaines normes linguistiques par les contraintes (déclarées primordiales) d’exercice de leur activité.

Référence électronique
Blanchet Philippe, « Jacquet, Antoine, 2020, Journalistes web et langue française. Entre devoir professionnel et contraintes de production, éditions de l’université de Bruxelles, 212 p. », Cahiers internationaux de sociolinguistique, 2021/2 (N° 19), p. 141-143. DOI : 10.3917/cisl.2102.0141. URL : https://www.cairn.info/revue-cahiers-internationaux-de-sociolinguistique-2021-2-page-141.htm

Ouvrage

Communiquer, c’est négocier

Dominique Wolton

Résumé de l’éditeur

La mondialisation, malgré ses promesses techniques infinies, n’a pas réduit nos difficultés à communiquer. Perdu dans les solitudes interactives, chacun cherche l’Autre, hélas, rarement au rendez-vous. Négocier. Cohabiter. Tout pour éviter l’échec de l’acommunication et le risque de guerre. L’Europe en est la paradoxale illustration. Jamais d’accord, mais toujours ensemble. La communication, on l’a rêvée parfaite, technique et immédiate, elle se révèle fragile, politique et humaine. La communication, au fond, c’est toujours le risque de l’Autre.

Référence électronique
Dominique Wolton. Communiquer, c’est négocier. CNRS éditions. URL : https://www.cnrseditions.fr/catalogue/societe/communiquer-c-est-negocier/

LOUPE

Focus DidacSic

Retour sur la conférence de Sophie Jehel : Méfiance des adolescents à l’égard des pratiques de l’information journalistique 

Pour citer l’article
Jehel, Sophie. La défiance des adolescents vis-à-vis de l’information journalistique dans le contexte de la crise de l’information [en ligne]. enssib, 27 janvier 2021 [consulté le 08 mai 2022]. Disponible sur le Web :
https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/visionner/69901-la-defiance-des-adolescents-vis-a-vis-de-l-information-journalistique-dans-le-contexte-de-la-crise-de-l-information

« Conférence inaugurale de Sophie Jehel, maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris 8, chercheure au CEMTI, Centre d’études sur les médias, les technologies et l’internationalisation, chercheure associée au CARISM. Elle a co-dirigé l’ouvrage Éducation critique aux médias et à l’information en contexte numérique publié aux Presses de l’Enssib, en avril 2020. » Source : Enssib

Sophie Jehel est « Maîtresse de conférences en Sciences de l’information et de la communication habilitée à diriger des recherches à l’UFR « Culture et communication », Université de Paris VIII. Responsable du master Industries culturelles et créatives, Responsable de la spécialisation M2 Industries culturelles « Plateformes numériques, création et innovation ».
Ses recherches portent sur les enjeux éthiques et sociétaux liés au rôle central des industries médiatiques dans les sociétés contemporaines. » Source : Université de Paris VIII. URL : https://cemti.univ-paris8.fr/?sophie-jehel

Sophie Jehel nous invite à envisager ce que serait réellement une éducation critique capable, selon elle, de favoriser une autonomie de pensée vis-à-vis de l’information journalistique et des modalités de sa diffusion.

Elle répartit cette éducation selon deux axes : le premier s’attache à décoder le fonctionnement des « infomédiaires » notamment les plateformes numériques. Le deuxième consisterait à développer des approches réflexives et créatrices.

Facteurs généraux de la défiance informationnelle

 En préalable, elle rappelle que les adolescents ne sont pas coupés du monde mais que la défiance est généralisée. Elle souligne par ce rappel les excès de la défiance informationnelle présents notamment dans les discours de la méfiance autour des réseaux sociaux numériques. 
Cette méfiance exprimée à travers des discours est schizophrénique : les RSN sont loin d’être parfaits, certes, mais constituent aussi une source importante d’information pour les adolescents. Par ailleurs cette défiance ne correspond pas aux pratiques réelles notamment des journalistes qui sont très présents sur les réseaux sociaux et les utilisent comme source d’information.

La chercheure nous invite à remarquer que les problèmes relatifs à la perception des journalistes ne sont ni inédits ni nouveaux, mais continuent des problèmes qui leur préexistent. Elle nous invite donc à replacer la question dans une “sociogenèse de la médiation informationnelle”.

Une crise systémique

La chercheure passe donc en revue le paysage informationnel et la défiance qui le parcourt à partir des années 1990 : c’est à partir de cette époque que le paysage informationnel est impacté par une crise systémique reposant sur une incertitude généralisée et récurrente. La « plateformisation » de notre actualité en est une accélération.

 Elle rappelle donc que le journaliste et essayiste, Ignacio Ramonet, dans un article du Monde diplomatique, insistait en 1990 sur le dysfonctionnement général du système informationnel, et notamment en raison des problèmes liés à notre rapport aux images, en rappelant l’exemple du traitement des charniers de Timisoara.
Presque dix ans plus tard, en 1998, Jean-Marie Charron, à l’origine d’un Rapport ministériel (« Réflexions et propositions sur la déontologie de l’information »), remarque les mêmes dérives journalistiques et conclut que les opinions publiques sont devenues des publics sceptiques, ce qui constitue, selon lui, un danger pour la démocratie. Les réseaux sociaux numériques, incriminés aujourd’hui car ils rendent visible cette désapprobation, sont à inscrire dans cette crise durable.
(…)
Sophie Jehel donne de nombreux exemples de dérives ayant alimenté cette crise dans les deux décennies qui ont suivi ce rapport : traitement des faits divers liés à l’insécurité en contexte de campagne présidentielle (2002), Brexit et Cambridge Analytica sont autant d’événements qui ont eu des échos particuliers, car les médias ont été mis en cause dans le processus électoral (même si les chercheurs sont partagés dans leur analyse de l’influence des médias sur le processus électoral).
Elle expose également les causes de cette crise structurelle : phénomène de privatisation du secteur audiovisuel, accélération de la diffusion de l’information, mimétisme dans le monde journalistique, homogénéité des origines sociales des journalistes qui crée un entre-soi dans le milieu des médias favorable à la rétention d’informations. Le développement de l’info médiation à travers les grandes plateformes numériques va accélérer ces processus : concurrence, dépendance vis-à-vis des ressources publicitaires et influence de ce modèle économique sur l’écriture journalistique (préoccupation de visibilité et d’accroissement de l’audience). Elle mentionne également la « conflictualisation » des débats et du rapport aux journalistes. Les débats politiques sont de plus en plus rares, la question politique est souvent traitée en mode info-divertissement. Certains responsables politiques ont également tenu des propos extrêmement critiques, voire violents vis-à-vis des journalistes. Elle souligne enfin que la critique virulente des médias s’inscrit dans un contexte de défiance vis-à-vis des institutions démocratiques représentatives, alors que les approximations, manipulations de l’information et mensonges d’état constatés ces dernières années (affaire Coupat en France, propagande russe, réalité alternative de Trump…) ont eu un effet négatif sur le rapport du public à la réalité.

Sur la question plus spécifique de l’adolescence dans son rapport à l’information journalistique, Sophie Jehel nous propose, en préalable, de pratiquer un retour la situation anthropologique de l’adolescence.

Situation anthropologique de l’adolescence

L’adolescence est :
• un moment privilégié d’autonomisation qui conduit à des formes de distanciation,
• un moment de remise en cause des cadres, 
• mais également de conservation des cadres hérités, 
• un moment de critique des autorités et
• d’une affirmation des sujets autour des valeurs très contrastées de violence ou de prouesse.

La distanciation liée à l’autonomisation est compensée par la question de la sociabilité par les pairs pouvant aller jusqu’à des comportements d’amitié fusionnelle.
Ici également on peut observer des phénomènes de distanciation : la pression d’un groupe peut contraindre un individu critique à rejeter ses propres doutes. Le groupe peut donc aller jusqu’à contrôler la crédibilité de ses membres.

Hyperconnexion

La question de l’hyperconnexion est également un point à prendre en considération, compte tenu du fait que la présence sur les plateformes est en augmentation constante. Ce constat est à relativiser toutefois puisque réseaux sociaux numériques et télévision sont placés au même niveau en tant que source d’information (environ 80 %) et que la famille reste considérée comme une référence importante par les adolescents.
 Les adolescents ont tendance à démultiplier les comptes : 56 % possèdent au moins 4 comptes (15-17 ans) et le phénomène est plus important chez les filles (65%). Mais ces sources sont considérées comme peu fiables, l’information y est difficilement « contextualisable ».
La télévision reste encore loin devant avec 46 % de confiance déclarée : question toutefois à remettre en cause ou à préciser : de quelle télévision parle-t-on ?
L’hyperconnexion est également caractérisée par l’instrumentalisation du web affectif par les plateformes, et les phénomènes adolescents d’invitation à agir par l’influence et le contrôle des pairs (« travail du clic » (Casilli)).

Travail émotionnel face aux images

La question de la réception des images violentes est documentée par une enquête réalisée en 2015-2017 par l’observatoire des pratiques numériques des adolescents en Normandie. Cette enquête a confirmé, à travers une méthodologie d’enquête par entretiens qualitatifs, trois hypothèses :
1ère hypothèse : la question est bien à envisager différemment selon les milieux sociaux d’origine néanmoins ce type d’image constitue également un ensemble de difficultés spécifiques.
2e hypothèse : la capacité de symbolisation (notamment le rapport à l’écrit) peut aider à décrypter et décoder les images et favorise la construction d’une pensée autonome face à des images émotionnellement fortes.
3e hypothèse : le travail d’élaboration des adolescents autour des images déclenche des émotions et derrière les émotions ont trouve des règles, des normes qui les sous-tendent. La prise en compte de ces émotions et normes recèle un « potentiel éducatif ».

L’observatoire a également révélé que le niveau de dénonciation de violences est en augmentation, par exemple, autour de la question du harcèlement qui a doublé en cinq ans comme celui concernant les images jugées violentes.

D’autres formes de violence circulent également et provoquent beaucoup de réaction d’ordre éthique chez les adolescents : le terrorisme, les assassinats, les agressions, les violences sexuelles et les messages haineux.

Réception des informations journalistiques et travail émotionnel

La chercheure insiste également sur ce qu’elle appelle le « travail émotionnel » dévoilé à travers les entretiens qualitatifs. Ce « travail » décrit ce qui se passe après l’exposition aux images : la sociologie nous rappelle ici que les émotions sont des « construits sociaux » et non des phénomènes psychologiques spontanés. Le refoulement des émotions est fonction de règles de sentiments partagées par une communauté. Or les plateformes ne peuvent pas récupérer ce travail qui se fait en dehors d’elles. Ce travail émotionnel conditionne les stratégies de communication des adolescents en leur permettant de rationaliser leurs émotions en fonction des règles de sentiments qu’ils ont comprises.
Les plateformes numériques constituent donc une sorte de mise à l’épreuve des adolescents autour de cet effort de rationalisation.

Sophie Jehel propose une typologie en quatre modalités de réception des informations journalistiques et de travail émotionnel : adhésion, indifférence, évitement, autonomie.

Adhésion
L’adhésion caractérise le fait d’être capté par une image, de la prendre comme étant vraie, sans pouvoir réellement en parler ni décrire ses émotions ni « ce qui se passe dans l’image ».

Autonomie
L’autonomie est la faculté d’individuer (identifier des auteurs) et de restituer un sens en prenant une distance et en effectuant des choix. Selon la philosophe nord-américaine, Martha Nussbaum, l’autonomie est liée au sentiment de sa propre vulnérabilité et à la perception d’une empathie au cœur des « émotions démocratiques ».

Indifférence et évitement

L’indifférence et l’évitement sont des modalités très répandues particulièrement au sein des classes populaires.
Il convient de distinguer l’évitement autonome qui permet encore une parole réflexive de l’évitement « rigoriste » qui est de l’ordre du rejet, vécu comme une salissure. Cet évitement relève en effet plutôt de l’adhésion (est corrélé, par exemple, à des préceptes religieux, des jugements moraux).
Cette forme d’adhésion (ou d’exact opposé en miroir de l’adhésion) repose sur la croyance qu’il est difficile de se séparer de l’image (de prendre de la distance). Elle entraîne des effets de dissociation qui ne permettent pas réellement des formes d’interprétation capables d’accéder au sens des images notamment face aux images sexuelles. On observe, face à ce dernier type d’exposition, l’expression de formes de radicalité comme, par exemple, des jugements condamnant les comportements jugés « trop sexualisés » de certaines filles.

Retour sur les formes d’adhésion

L’adhésion-croyance est une autre expression pour « effet de réel », procédé recherché par les journalistes.

L’adhésion-dissociation repose sur le sentiment que la réalité de l’image est différente du réel et n’a donc pas d’importance, puisque « ce n’est pas la réalité ». Cette attitude constitue un problème car elle empêche l’accès au sens : il est difficile de faire parler un joueur en adhésion avec un jeu.

L’adhésion-sidération témoigne d’une perte de contrôle. La parole est envahie par ce qu’évoque l’image, voire, renvoie à des traumatismes anciens qu’elle réveille.
 
L’adhésion-jouissance évoque des formes de jouissance éprouvées dans un scénario de violence qui fait, encore une fois, obstacle à l’analyse.

L’adhésion-rationalisation peut sembler antinomique mais on constate des formes d’adhésion mobilisant des attitudes de rationalisation pour justifier des formes de violence justes. Par exemple des argumentaires tentant de justifier rationnellement la peine de mort au cours de débats (exemple : DidacSic).  

Conclusion

En conclusion, face à ces difficultés liées à l’adolescence et face à ces différents types d’adhésion, les parents, les formateurs et les éducateurs se sentent inquiets ou peu à l’aise avec ces questions d’émotions problématiques et de représentations de violence. 
Les capacités de symbolisation sont essentielles et efficaces pour une mise à distance des images mais elles sont insuffisantes puisque des formes d’adhésion voire de sidération ont pu être observées au sein même des groupes les plus « équipés » pour faire face à ce type d’exposition.
D’autres ressources comme l’empathie, les valeurs de solidarité construite avec les amis ou au sein du milieu familial peuvent s’avérer plus efficaces.

Pistes éducatives

Dans un chapitre consacré à cette thématique de la défiance des adolescents vis-à-vis de l’information journalistique, publié dans l’ouvrage Éducation critique aux médias et à l’information en contexte numérique, Sophie Jehel propose en conclusion un certain nombre de pistes éducatives :
« La défiance des adolescents prend en effet appui sur la crise de l’information et des défaillances du champ journalistique face à sa propre déontologie, mais elle relève aussi de la défiance de la population et particulièrement des classes populaires vis-à-vis des institutions politiques et médiatiques du fait de leur interdépendance, et parfois d’un sentiment de maltraitance des quartiers populaires, des jeunes et des musulmans. Face à ces dimensions de la défiance, l’explicitation des modalités de la production de l’information, des contraintes juridiques et économiques peut aider à dépasser des postures de colère ou de provocation ».
Afin de ne pas nier « le bien-fondé de certaines critiques formulées par les adolescents de façon parfois imprécise ou maladroite », elle souligne l’importance d’organiser, dans le cadre de l’ÉMI, des « espaces de débat où la critique des journalistes, sur la base de critères démocratiques, soit encouragée ».
Pour renforcer la connaissance des médias, quelle que soit leur nature, elle formule également à l’attention des professionnels chargés de mettre en œuvre l’ÉMI un certain nombre de suggestions :
 cartographier le champ informationnel
 faire prendre conscience de la politisation des RSN
 mettre en évidence les désaccords entre médias et leur capacité critique vis-à-vis des politiques
 expliciter le modèle économique des plateformes numériques
 questionner la notion de vérité
 faire réfléchir à la place de l’image dans l’information (limage comme indice de réalité / l’image comme source d’émotion)

Prise en compte des émotions

La chercheuse insiste pour finir sur la nécessaire prise en compte des émotions des adolescents face à la dimension souvent anxiogène de l’information :
« Plus que jamais l’éducation doit tenir compte des affects que les plateformes et les médias favorisent dans leurs stratégies de captation de l’attention et des émotions, comme l’empathie, que requiert l’éducation à la démocratie (...). L’élaboration autour des sentiments suscités par des contenus médiatiques fait partie du processus de distanciation critique vis-à-vis d’eux et de la réflexivité à favoriser. Si elle sollicite
chez les enseignants une capacité de tolérance et d’empathie, elle n’a pas à être confondue avec un relativisme qui ajouterait de la confusion au chaos informationnel des plateformes auxquelles ont accès les adolescents. Derrière l’instrumentalisation des émotions, il importe de cerner des enjeux politiques auxquels il est répondu dans nos démocraties par la reconnaissance de droits fondamentaux, parfois oblitérés voire bafoués sur les plateformes numériques et rendus de ce fait invisibles aux adolescents.